Si vous voulez en savoir un peu plus sur le bronze à la cire perdue, comme certains d'entre vous me l'ont demandé, voici un petit résumé en images du passage de la terre au bronze avec le rhino.
Le bronze à la cire perdue est un processus complexe, avec beaucoup de contraintes techniques, qui nécessite de nombreuses étapes, toutes essentielles, et requiert des heures de travail par des techniciens chevronnés.
Avant de commencer le moulage, il convient de réfléchir aux plans de joints, c'est à dire aux lignes de séparation des différentes parties du moule afin d'assurer un démoulage de la pièce originale, puis de la cire, sans casse. Ici, la pièce est relativement simple et un moule en deux parties suffira.
Mise en place du modèle en terre cuite, délimitation du plan de joint avec de la plastiline.
Application de l'élastomère.
Il y aura trois couche pour chaque face de la pièce
Application de plâtre synthétique renforcé par de la filasse pour constituer la coque externe du moule élastomère. Deux couches de 1.5 cm d'épaisseur.
Des repère, ou clés, seront placés stratégiquement pour assurer la bonne tenu du moule souple dans sa coque et un bon emboitage des deux partie du moule quand on le refermera.
La pièce et son demi-moule sont retournés et on procède de façon identique pour la deuxième face de la pièce.
On sort délicatement la pièce originale du moule et on obtient une empreinte en creux de la pièce.
Tirage de la cire (mélange de cires d'abeille). Ici cire noire qui donne un meilleur rendu pour vérifier les volumes avant correction.
Application au pinceau selon la méthode de l'estampage pour une maîtrise de l'épaisseur, idéalement environ 4 mm.
Quand les deux parties du moule sont tirées en cire, on referme le moule et on coule de la cire pour souder les plans de joints. On coule, puis on reverse deux fois.
On ouvre le moule, et on démoule délicatement la copie en cire.
Cette copie en cire peut à ce stage être corrigée pour enlever les traces de joints notamment, ou tout autre défaut, à l'aide d'outils chauffés et d'une cire molle et malléable "le rouge" pour combler des creux non désirés ou parfaire un volume.
La pièce est prête à rejoindre la fonderie.
On ajoute ensuite des tiges de cire destinées à assurer l'alimentation en bronze et des évents pour permettre de repousser l'air dans le moule vers ces tiges et ainsi éviter des bulles d'air sur la pièces qui correspondraient ensuite à des trous dans le bronze.
Puis, la pièce de cire et ses alimentations sont enrobées d'un mélange réfractaire qui constituera un nouveau moule en creux et sera en mesure de recevoir le bronze en fusion. Enrobage en 7 couches.
Les moules réfractaires sont mis au four pour une très longue cuisson durant laquelle le moule va cuire et se solidifier et la cire va fondre et disparaître en fumée, d'où l'expression bronze "à la cire perdue" .
L'espace occupé par la cire, entre les deux couches de moule réfractaire recevra le bronze qui prendra ainsi la forme de la pièce, épousant l'empreinte laissée par la cire.
Les moule sont sortis encore très chauds afin d'éviter un choc thermique entre la température du moule et celle du bronze liquide.
Coulage du bronze. C'est magnifique et c'est l'heure de vérité. Quand ça aura refroidi, on cassera l'écorce réfractaire autour de la pièce et on verra si on a bien travaillé.
Le bronze brut ne paie pas de mine mais il va être nettoyé (sablage) et va devoir être travaillé par l'atelier "ciselure".
Le travail des ciseleurs est très important. Ils vont enlever les traces de joints, les traces laissées par les alimentations, les petits défauts (bulles, bavures, etc...) et vérifier que le bronze est en tout point conforme au modèle, et si besoin, faire quelques corrections demandées par l'artiste (lissage, redressage, affinage de la ciselure, etc...). Leur travail est primordial pour un bon rendu de la pièce finale.
Soudure à l'arc du socle en bronze
La pièce est prête pour la patine.
La patine est aussi très importante. De même qu'un cadre peut mettre en valeur ou nuire à une peinture, une patine réussie mettra en valeur le travail de l'artiste.
Ici, patine à chaud au nitrate de cuivre pour donner une base verdâtre.
Puis, on applique une légère couche de gris très clair laissant affleurer les tons verdâtres de la première couche.
On laisse refroidir et on appliquera, à froid, une cire noire sur les reliefs de façon à les marquer.
On laissera sécher et on appliquera une couche de cire incolore pour fixer l'ensemble. Un petit coup de chiffon à lustrer et le tour est joué.
On a beaucoup travaillé le dégradé sur les cornes car j'aime, quand le sujet s'y prête, laisser apparaître le bronze.
Voilà, Kangombe, le vétéran de Namibie, est prêt à affronter le regard du public.